Baptême de la promotion 2018
C’est ensuite la promotion de l’École de l’air 2018 qui a été mise à l’honneur en se faisant baptiser. L’événement était l’occasion d’accueillir les familles et les proches des élèves de l’EA le temps d’une journée sur le thème de l’aéronautique. Des expositions d’aéronefs et une démonstration aérienne étaient organisées sur la base aérienne durant toute l’après-midi. Les invités ont pu découvrir les présentations successives de l’Airbus 330 MRTT, du Rafale Solo Display et de la Patrouille de France.
La promotion 2018 regroupe 131 élèves officiers, aviateurs de différentes formations, cursus et spécialités, dont 53 officiers du personnel naviguant, 30 officiers mécaniciens des systèmes aéronautiques et 48 officiers de bases. Avec une moyenne d’âge de 25 ans, elle est composée à 17,5% de personnel féminin.
C’est au crépuscule que la cérémonie de Baptême de la promotion 2018 a débuté. Présidée par le général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’armée de l’air (CEMAA), cette cérémonie riche en émotions, a regroupé comme chaque année de nombreuses autorités civiles et militaires.
Sous un ciel étoilé, la promotion a reçu son nom de baptême. Cette année il s’agit d’une marraine : « commandant Caroline Aigle ». À cette occasion, la promotion a également procédé à l’échange de la garde au drapeau. Moment solennel, le drapeau de l’École est transmis à la garde montante, composée d’élèves officiers nouvellement baptisés. La cérémonie est signée par le survol des alphajets de la Patrouille de France, leur éclatement spectaculaire aux dessus de la promotion et le défilé des baptisés.
Inaugurée pour la promotion 1935 « Capitaine Guynemer », la cérémonie du baptême des promotions constitue un moment fort qui engage les futurs officiers de l’armée de l’air à vivre avec honneur et dignité leur vocation. Depuis l’établissement de l’École de l’air à Salon-de-Provence, la cérémonie se déroule traditionnellement de nuit sur la place Pelletier Doisy. Cet événement renforce la volonté des futurs officiers à servir leur pays en s’appuyant sur l’exemple de leurs Grands Anciens.
Le choix de la marraine de promotion constitue un hommage fort. Le commandant Caroline Aigle, première femme pilote de chasse des temps modernes, fait partie de ces aviateurs qui ont marqué l’histoire de l’armée de l’air. Désormais réunie sous son nom, la promotion 2018 honore une femme au parcours qui force l’admiration.
Caroline Aigle est née le 12 septembre 1974 à Montauban. Elle grandit loin de la métropole, au gré des affectations de son père, médecin militaire. La Guyane, La Réunion, la Mauritanie sont autant de terres d’aventures que parcourt cette fillette avide de découvertes.
À quatorze ans, de retour en métropole, elle décide de faire ses premiers pas dans l’armée en intégrant le lycée militaire de St Cyr l’École, pour y suivre son frère rentré un an auparavant. Elle se fait notamment remarquer pour son goût de l’effort : 24 titres sportifs engrangés toutes compétitions confondues en trois ans de scolarité.
En septembre 1992, elle entre au Prytanée national militaire de La Flèche et se fixe l’objectif d’intégrer l’École polytechnique. Son goût pour l’aviation nait et grandit durant ses deux années de classe mathématiques supérieures et spéciales.
En juin 1994, elle est reçue à l’École polytechnique, mais aussi à l’École normale supérieure (ENS) ainsi qu’à l’École nationale supérieure d’ingénieurs des études et techniques d’armement (ENSIETA). Elle choisit l’X pour côtoyer le milieu militaire, milieu dans lequel elle se sent à l’aise. Elle effectue son service national, à l’École d’application de l’Infanterie, puis au sein du 13e Bataillon de chasseurs alpins, à Chambéry.
En 1995, l’armée de l’air ouvre la spécialité pilote de chasse au personnel féminin. Caroline Aigle saisit cette opportunité : elle veut alors s’engager dans l’armée de l’air. Elle est nommée Lieutenant le 1er septembre 1996. Une fois sa formation académique terminée à l’École polytechnique, elle entre à l’École de l’air de Salon-de-Provence à l’automne 1997, directement en 3e année.
Elle débute sa formation aéronautique sur EMB312F Tucano à Salon, puis vole sur Alphajet à Tours. Le vendredi 28 mai 1998, elle est « macaronée » pilote de chasse et reçoit son brevet des mains du Général Jean Rannou, alors chef d’état-major de l’armée de l’air. à la sortie de l’École de transition opérationnelle (ETO) à Cazaux, elle est affectée à l’escadron de chasse 2/2 Côte d’Or, équipé du fleuron de l’armée de l’air française, le M2000-5, sur la base aérienne de Dijon-Longvic. Caroline Aigle est ainsi la première femme pilote de chasse à être affectée au sein d’un escadron de combat.
Pilote opérationnel en juillet 2001, puis sous-chef de patrouille et enfin chef de patrouille en 2004, elle réalise de nombreux exercices, notamment au Brésil et en Finlande, et participe à l’exercice « Maple Flag » au Canada en juin 2003. Elle assure par ailleurs de nombreuses missions de Permanence opérationnelle (« PO ») sur les bases d’Orange, Mont-de-Marsan ou Lann Bihoué. En 2005, nommée Commandant, Caroline Aigle, surnommée « Caro », devient commandant d’escadrille de la SPA57 « La Mouette ».
Toujours en quête de nouveaux défis, Caroline Aigle ambitionne de devenir spationaute et passe le concours de l’EPNER (École du Personnel Navigant d’Essai et de Réception). En parallèle, elle est mutée en juin 2006 à Metz, sur la BA128, au bureau maitrises des risques du Commandement des forces aériennes. Elle reprend alors ses études de russe et de physique, dans le but de postuler à l’Agence Spatiale Européenne, et se lie d’amitié avec Claudie Haigneré, première spationaute française. Elle vise la phase de sélection des futurs astronautes européens prévue début 2008 au Centre européen des astronautes de Cologne.
En février 2007, elle apprend qu’elle est touchée par un cancer de la peau. Elle n’en abandonne pas pour autant ses projets et poursuit courageusement sa thèse dans un laboratoire de caléfaction jusqu’en juillet. Gravement atteinte par la maladie, Caroline Aigle décède le 21 août 2007 après avoir lutté de toutes ses forces pour faire naître son deuxième enfant.
Sportive accomplie, championne de France militaire de triathlon 1997, championne du monde militaire de triathlon par équipe 1997 et vice-championne du monde militaire de triathlon par équipe 1999, elle totalise 1524 h de vol et est décorée de la médaille de la défense nationale (bronze, 1995, troupes de montagne ; argent, 1999, armée de l’air ; or, 2005, force aérienne de combat) ainsi que de la médaille militaire à titre posthume.
Décorations françaises :
- Médaille de la défense nationale (bronze, 1995, troupes de montagne ; argent, 1999, armée de l’air ; or, 2005, force aérienne de combat)
- Médaille de l’Aéronautique
Hommages
- Le 8 mars 2008, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le musée de l’Air et de l’Espace, organise une journée d’hommage à Caroline Aigle pendant laquelle, entre autres, une centaine de femmes pilotes se posent à l’aéroport du Bourget aux commandes de différents appareils (Alpha Jet, Falcon 50, Eurocopter AS-350 Écureuil, Gazelle), avec des équipages militaires féminins.
- En décembre 2011, les auditeurs de la 187e session régionale de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) choisissent pour nom de promotion « Commandant Caroline Aigle ».
- Le 3 juin 2017, lors de la présentation au drapeau de l’École polytechnique, la promotion X2016 choisit de rendre hommage à Caroline Aigle. À cette occasion, un hymne composé en son souvenir est interprété par les élèves et deux Mirages 2000 survolent la cérémonie. En outre, les élèves de l’École polytechnique organisent chaque année le « triathlon Caroline-Aigle ».
- Le 29 septembre 2018, la promotion 2018 du Prytanée nationale militaire de La Flèche est baptisée « Promotion Commandant Caroline Aigle ». Les élèves créent pour l’occasion un chant en son hommage.
De nombreux lieux ont également été (re-)baptisés à son nom.