Que sont devenus nos anciens élèves officiers de l’École de l’air et de l’espace ?
Nous lançons une nouvelle rubrique !
« Que sont-ils devenus ? » est l’occasion pour nous, de prendre des nouvelles d’anciens élèves.
On démarre cette série avec le Capitaine Marvin, surnommé « Mogz ». À désormais 32 ans, cet Aviateur a intégré l’École de l’air au sein de la Promotion 2011 en tant que Personnel Navigant (PN). Après 4 années comme pilote de Mirage 2000-5 au sein du Groupe de Chasse 1/2 « Cigognes » de Luxeuil, il a été tout récemment affecté sur la base aérienne 133 dans le cadre d’un « croisement des cultures ». Il s’est prêté au jeu des questions/réponses en revenant sur ses années à l’École de l’air et sur l’Aviateur qu’il est devenu aujourd’hui…
- Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Marvin, mais on utilise plus souvent mon surnom : « Mogz ». J’ai 32 ans et j’ai intégré l’École de l’air au sein de la Promotion 2011, « Colonel Dupérier », en tant que Personnel Navigant (PN). J’ai la double nationalité Franco/Sud-Africaine.
- À l’époque, comment appréhendiez-vous votre formation au sein de l’EAE ?
J’ai intégré l’École de l’air après 3 ans de Classe Préparatoire aux Grandes Écoles (CPGE). Étant passionné d’aviation militaire depuis mon plus jeune âge, j’avais hâte de tout apprendre sur ce milieu et sur la vie de militaire.
L’entrée à l’EA incarnait pour moi mon rêve : devenir pilote de chasse. Je voyais le chemin restant jusqu’à cet objectif comme une succession de marches à passer et la première était l’obtention du Diplôme d’Ingénieur de l’École de l’air.
Je suis donc arrivé à Salon-de-Provence le 28 août 2011 plein de motivation et avide de connaissances. L’objectif d’intégration étant accompli, la pression a diminué d’un cran : je n’avais plus qu’à donner le meilleur de moi-même pour réussir ma scolarité, mais sans être en compétition avec mes camarades de promotion comme cela était le cas pour les concours. Je gardais toujours dans un coin de la tête mon rêve, pour entretenir ma motivation et ma patience, car je savais que la formation serait longue.
- Pouvez-vous nous parler de votre passage à l’EAE?
Après les JIFIC (Journées d’Incorporation et de Formation Initiale du Combattant), les cours académiques ont commencé. La scolarité était rythmée par des périodes de formation militaire, formation d’officier, des échanges avec des nations partenaires et nous avons parfois eu la chance d’effectuer des vols en place arrière au sein d’avions de chasse ainsi que passager sur avions de transport ou d’hélicoptères. Cela permet d’entretenir la motivation, mais surtout de découvrir les différentes spécialités qui s’offrent aux élève-officiers pour la suite. J’ai ainsi pu faire mon 1er vol dans un chasseur en Mirage F1 en octobre 2011. La découverte de la 3ème dimension commence aussi avec le vol à voile (Escadron d’Initiation au Vol), à travers différents stages pendant la scolarité à Salon.
Les cours académiques demandaient un travail régulier. Je n’ai par ailleurs pas échappé à quelques sessions de rattrapages sur certains examens. J’ai eu la chance de pouvoir faire un stage d’Enseignement par la Recherche (EPR) d’un mois et demi à Tunis au sein de l’Armée de l’air tunisienne en 2ème année, et en 3ème année mon stage de fin d’études (SFE) de deux mois dans la Faculty of Transport and Traffic Sciences de Zagreb en Croatie. La vie sur base pendant 2 ans puis la vie en colocation avec des camarades de promotion pendant les 2 années suivantes ont été des expériences enrichissantes. Elles créent un fort esprit de corps et de cohésion dans la promotion qui durent toujours aujourd’hui, onze ans plus tard.
- Votre meilleur souvenir à l’Ecole de l’air et de l’espace ?
Il y en a beaucoup ! Un de mes principaux souvenirs est le Baptême de ma promotion. La première année est ponctuée de plusieurs cérémonies emblématiques mais le baptême de Promotion est de loin la plus somptueuse. J’ai eu l’honneur d’avoir ma mère et mes grands-parents présents à cet événement. Mon grand-père, Capitaine de Vaisseau de la Marine Nationale à la retraite, était fier du choix de carrière de son petit-fils, et j’étais ravi de le voir revêtir son uniforme pour cette occasion. Lors de la journée, de nombreuses présentations aériennes dynamiques et statiques ont comblé nos sens. Le soir, la cérémonie, fruit de nombreuses heures de répétitions, marqua une fin sublime à cette première année d’officier au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace. Le chant de promotion puis la soirée dansante qui suivirent ont été un moment important de partage entre ma famille et l’institution.
- Votre pire souvenir à l’Ecole de l’air et de l’espace ?
L’un de mes pires souvenirs s’est produit en fin de 3ème année, proche de la fin de la scolarité. N’étant pas très littéraire, j’appréhendais grandement l’épreuve orale de culture générale, que nous appelions « le Grand Oral ». Ma maîtrise des œuvres au programme était perfectible, cependant, le sujet que j’ai tiré au sort me convenait. Je me suis donc inspiré en partie des éléments du cours que j’avais appris, pour les adapter à la problématique que j’avais sous les yeux.
L’oral se déroula, les questions s’enchaînèrent, puis vint le moment du débriefing. Je m’en suis sorti en dessous de la moyenne, ce qui m’a valu des journées de révision supplémentaires, ainsi qu’un second passage de cette épreuve tant redoutée.
- Avec du recul, qu’est-ce que l’Ecole de l’air et de l’espace vous a apporté ?
Mon passage à l’École de l’air m’a appris les fondamentaux de la vie de militaire, et particulièrement l’esprit de cohésion qui l’accompagne, incarné à Salon par la vie en promotion et la transmission des traditions. Passionné par les voyages, j’ai apprécié l’ouverture vers l’international que la formation académique m’a apportée.
- Pouvez-vous nous parler de votre parcours depuis l’EAE ?
Lorsque l’on est à Salon, la période de formation avant de pouvoir s’asseoir tous les jours sur un siège éjectable, aux commandes d’une machine fabuleuse, nous paraît infiniment longue. Cela m’a pris cinq années pour devenir Pilote de Combat Opérationnel (PCO). En réalité, chaque phase est dense, captivante, et nécessite un travail important. Les vols nous laissent des souvenirs que l’on ne peut pas vivre ailleurs, la formation et le lien fort avec nos camarades nous permettent d’apprendre de nos erreurs et de s’améliorer ensemble
- Quel poste occupez-vous aujourd’hui ?
Après quatre années comme pilote de chasse sur Mirage 2000-5 au sein du Groupe de Chasse 1/2 « Cigognes », je commence en septembre ma formation sur Mirage 2000D sur la base aérienne 133. Je suis actuellement qualifié sous-chef de patrouille, soit leader d’une patrouille de deux avions maximum. Cette qualification me permet aussi de former les jeunes pilotes en instruction qui arrivent tout juste à l’escadron. Ma formation en tant que pilote de Défense Aérienne va constituer un atout pour la 3ème escadre et avec qui j’ai eu l’habitude de travailler régulièrement et qui est spécialisée dans la mission d’attaque au sol.
- Pouvez-vous nous parler de vos missions actuelles ?
J’ai intégré un escadron de chasse de défense aérienne. En pratique, cela regroupe différents types de missions : les missions offensives, défensives, et la permanence opérationnelle.
La permanence opérationnelle, c’est la Police du Ciel armée H24 sur le territoire Français, mais aussi à Djibouti, en Afrique, et régulièrement dans les Pays Baltes.
Les missions défensives constituent, depuis les airs, la protection d’une zone attribuée à une patrouille de chasseurs contre toute menace (exemple en Libye pour l’opération Harmattan en 2011).
Les missions offensives consistent à aller en territoire ennemi, soit dans le cadre d’une escorte de chasseurs-bombardiers (comme pour l’opération Hamilton en 2018) ou d’autres aéronefs, soit pour y récupérer la supériorité aérienne.
Dans le cadre des missions de mon escadron, j’ai eu la chance d’être déployé en Suisse, aux Émirats Arabes Unis, à Djibouti, en Estonie, dans le cadre de la mission Baltic Air Policing ou encore au Qatar comme LNO (OfficierJanvier2023 de Liaison - Liaison National Officer) pour l’opération Chammal.
- Quel est votre avenir au sein de l’Armée de l’air et de l’Espace ?
Étant issu du corps des officiers, je suis destiné à occuper des postes de commandement dans ma carrière au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace. Je souhaite passer la qualification de Chef de Patrouille (CP) qui me permettra d’occuper la fonction de Commandant d’Escadrille et m’occuper de la planification des vols de l’escadron. J’aimerais continuer de mettre à profit mes 4 ans d’expérience sur 2000-5 pour pouvoir faire, occasionnellement, des vols au 1/2 dans le cadre de la permanence opérationnelle ou de la formation des plus jeunes.
Si l’occasion le permet, j’aimerais un jour obtenir une affectation dans un pays étranger, soit par un échange avec une armée de l’Air étrangère, soit par une affectation de 3 ans à Djibouti au sein de l’Escadron de Chasse 3/11 Corse. À terme, un poste d’attaché de défense, par exemple en Afrique du Sud, serait pour moi le poste idéal.