Séminaire des opérations aériennes
- Categories Aéronautique, Élèves, International, Militaire, Tout
- Date 20 mars 2024
Du 11 au 14 mars, certains élèves-officiers ainsi que des élèves-commissaires ont pris part au Séminaire des opérations aériennes (SOA). Ce séminaire s’inscrit dans une démarche visant à faire prendre conscience aux jeunes élèves-officiers de la manière dont sont conduites et opérées les opérations aériennes. Des retours d’expériences concrets et un exercice pratique leur permettent de toucher du doigt la complexité du travail en interalliées sous contrainte temporelle.
Nos élèves-officiers ont alors bénéficié d’interventions menées par des experts du Centre d’analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes. Ces derniers ont abordé avec les élèves l’ensemble des composantes qui constituent une opération aérienne, notamment sa dimension interalliée : comment est organisée la Joint Force Air Command - outil opérationnel de l’OTAN responsable de la conduite des opérations aériennes -, les fondamentaux de la puissance aérienne interalliée et les missions qu’elle poursuit, ou encore comment s’articulent ciblage, renseignement et surveillance à une telle échelle.
De plus, plusieurs officiers des forces sont venus partager leur témoignage et expérience avec les élèves. Le lieutenant-colonel Bertrand, à la tête de l’Escadron de formation au commandement, est revenu sur son expérience de l’exercice PEGASE 2022, qui déploie trois Rafale, deux A330 MRTT et deux A400M en Asie-Pacifique. Il a exercé en tant qu’adjoint à l’officier de marque en amont de l’exercice puis comme adjoint chef conduite lors de son déroulement. Dès lors, le lieutenant-colonel s’est attaché à la préparation de cette mission, qui se déclinait en trois phases : la mission de projection « Henri Brown » poussant le dispositif aérien vers la Nouvelle-Calédonie en moins de 72 heures, la participation à l’exercice « Pitch Black 22 » organisé par la Royal Australian Air Force et enfin la réalisation de deux étapes valorisées en Indonésie et à Singapour. Une manœuvre qui aura demandé au total l’équivalent de quatre mois de travail ; entre préparation initiale, site survey (confrontation entre les besoins projetés et ceux existants), réalisation de la mission en gérant les pannes et les délais, et rédaction du RETEX. Une expérience qui a mobilisé de grandes responsabilités et mis à l’épreuve les qualités de commandement du lieutenant-colonel. Une perspective sans aucun doute inspirante pour nos élèves-officiers qui seront menés à occuper de tels postes.
De même, le capitaine Camille, déployé comme J3 ALI « Air Land Integration » sur l’opération Chammal a partagé avec les élèves-officiers son quotidien au court de son mandat. Le capitaine s’est trouvé responsable des recommandations d’emploi de l’arme aérienne, de la bonne coordination en conduite avec les membres de la coalition ainsi que de l’évacuation médicale pour les troupes au contact. Lors d’opérations, il était aussi attendu de lui qu’il se coordonne avec le Senior Intelligence DutyOfficer, qui est comme un officier de quarts spécialisé dans les moyens de renseignement au sein du Centre de commandement interallié des opérations aériennes, de façon à ouvrir des working air space pour que nos avions puissent réaliser leur mission. Le capitaine a conclu sa présentation par quatre points qu’il souhaitait marquer comme étant les leçons qu’il a retenu de son mandat : l’importance d’une bonne maîtrise de l’anglais dans un contexte interallié, la manière dont la curiosité et la connaissance des manœuvres aériennes opérées par les avions de chasse comme des manœuvres terrestres des opérateurs des commando-parachutistes sont une réelle plus-value, le rôle particulier et privilégié du J3 ALI qui est l’un des seuls représentants de l’armée de l’Air et de l’Espace ainsi que l’importance de tous les aspects de la mission.
Ce séminaire s’est clôturé par un atelier pratique, mettant nos élèves-officiers dans la peau de planificateurs d’opérations aériennes, récréant un état-major opérationnel, le temps d’une journée. Alors répartis en plusieurs groupes d’une trentaine, les élèves ont été mis en situation : « Nous avons été mis face à un scénario fictif simulant un conflit armé international. Celui-ci mettait en scène l'intervention de l'OTAN en soutien à un État demandant une assistance face à une agression. Notre mission, en tant que futurs chefs de l'armée de l’Air et de l’Espace, était d’organiser un raid aérien en élaborant un Master Air Operation Plan pour détruire des installations ennemies sensibles. Nos encadrants, forts de leur expérience au sein du CASPOA, nous ont guidés et conseillés sur les différentes décisions stratégiques que l’on prenait. En nous guidant, par exemple, sur le type de vecteur le plus utile pour chaque mission. Leur vécu, ponctué d'anecdotes et de retours d'expériences directes, a permis d’illustrer le fonctionnement de la planification d'opérations aériennes au sein de l'OTAN ».
© A. Chaguet & L. Puybonnieux / armée de l'Air et de l'Espace